Les polluants éternels, un souci pour toujours

Chère lectrice, cher lecteur,

Les polluants éternels ou PFAS représentent un sujet dont l’absurdité dépasse l’entendement.

Il est intéressant, à mon avis, de comparer cette cause à celle des perturbateurs endocriniens. En effet, ceux-ci représentent un sujet gravissime pour la santé publique.

En plus d’accroître les risques de cancer, ils dérèglent la santé sexuelle des citoyens, et joueraient un rôle crucial dans la baisse de fécondité de nos sociétés contemporaines.

C’est donc l’avenir même des sociétés contemporaines qui se jouent avec les perturbateurs endocriniens. Tous les candidats à l’élection présidentielle française de 2017 en avaient fait part au public.

Mais la seule chose que les Français aient alors obtenu, c’est une moindre exposition à ces perturbateurs endocriniens, en changeant ceux qui se trouvaient sur les tickets d’achat par d’autres, apparemment moins nocifs.

Il ne fallait surtout pas changer le mode de vie qui est devenu le nôtre, pensez-vous donc.

Pourtant, la plupart des produits industriels que nous consommons ne sont même pas produits dans nos pays ou même en Europe.

Donc, nous n’aurions rien risqué, par exemple, à exclure l’agent moussant qu’il y a dans les savons liquides et les shampoings, par exemple. Mais cela aurait représenté un recul technologique insoutenable, pensez-vous.

J’ironise, bien entendu, parce que je suis en colère. C’est une croisade que l’on aurait dû lancer contre ces produits qui menacent l’existence même de notre civilisation.

Mais notre société est devenue molle, et la mollesse se paie très cher.

C’est exactement la même question qui se pose pour les PFAS ou polluants éternels. La même négligence et probablement, des conséquences qui sont, sans être aussi catastrophiques, assez lourdes.

Mais peut-être, comme pour l’amiante, mettra-t-on 100 ans pour y remédier…

L’équivalent de l’amiante dans votre assiette

Les PFAS sont appelés des polluants éternels parce qu’ils ont tous en commun d’associer le fluor et le carbone, une combinaison qui met très longtemps à se dégrader dans la nature.

Selon le site de l’INRS, l’association nationale de la santé au travail, on peut tabler au mieux sur des décennies, au pire sur des SIÈCLES1.

Donc les polluants éternels circulent dans tous les milieux du vivant, avec des résultats plutôt inquiétants dans chaque espèce, animale ou végétale – et même chez les planctons qui existent depuis un milliard d’années.

Les polluants éternels, de leur véritable nom s’appellent les « substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées ». Il existe entre 6 et 7 millions de combinaisons possibles pour ces substances.

Ils servent essentiellement d’antiadhésif, d’ignifuge, de mousses ou de cire de glisse. C’est dire si notre civilisation ne peut pas s’en passer…

Cela fait depuis les années 1970 que l’entreprise 3M, qui les employait déjà, savait qu’ils étaient hautement toxiques pour la vie en général.

Mais pensez donc, cela n’a pas empêché que leur usage soit généralisé pour éteindre les incendies, pour créer des tissus ignifugés ou encore pour fabriquer des poêles antiadhésives.

C’est le cas du téflon, qui est appliqué avec une colle qui contient des polluants éternels. S’ils ne sont pas censés se retrouver dans le corps, ils ne manquent pas de le faire tout de même.

On atteint là une absurdité incompréhensible.

La même inconséquence avait gagné la noblesse romaine qui utilisait du plomb pour ses cosmétiques, pour sucrer son vin, pour sa médecine et comme nous, pour ses ustensiles de cuisine.

Et l’empire romain est tombé…

Un fléau pour les femmes enceintes

Le problème est que la population toute entière est contaminée par les polluants éternels. Il n’y a pas un seul d’entre nous qui ne les porte pas dans sa chair.

Heureusement et en principe, dans des proportions infimes. Mais souvent suffisantes pour avoir des conséquences inquiétantes, dans la nocivité de ces substances est considérable.

Vous pouvez le voir sur ce schéma de l’agence européenne de l’environnement :

Schéma montrant les dangers sur la santé des polluants éternels

Mais la question qui demeure est – pourquoi ? Pourquoi est-ce si importants d’utiliser des poêles antiadhésives ? N’arrivions-nous pas à éteindre des incendies auparavant, sans souiller la nature et polluer le monde indéfiniment ?

C’est la raison pour laquelle en mai 2024, les députés français ont décidé de légiférer fermement sur la question. Ils ont réussi à obtenir une régulation stricte, certes, mais non pas aussi radicale que nécessaire2.

Ils ont été alors interdits dans les vêtements, les cosmétiques et les emballages alimentaires – on se demande comment même on a pu songer à les autoriser…

Mais ils sont toujours présents dans les mousses anti-incendie et dans la confection des poêles antiadhésives.

Or comme l’a montré la récente étude faite par 60 millions de consommateurs pour le numéro de février 2025, la plupart des marques en contiennent encore.

C’est que l’entreprise Seb, à qui l’on doit le téflon, a fait un lobbying important pour qu’on continue à utiliser ce type de poêles qui pourtant, devrait être interdit…
Pourquoi continuer à fabriquer ce poison ?

Certes, il existe des moyens de dépolluer l’eau des PFAS, mais la question reste en suspens : pourquoi les utilise-t-on ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à s’en passer, alors que nous en avons si peu besoin ?

D’autant que les pompiers y sont extrêmement exposés – ce qui ne manquera pas à l’avenir de dissuader les carrières – et que les populations en subissent nécessairement les conséquences.

En Italie, l’eau potable de quelques 350 000 personnes a été polluée par ces polluants éternels à cause d’une seule usine3. Au Pays-Bas, il s’agit de 750 000 personnes4

L’eau de pluie, à cause des PFAS est impropre à la consommation partout dans le monde… alors pourquoi ne pas préconiser une interdiction définitive, pure et simple ?

Pluie qui tombe sur le sol

Ce n’est pas seulement le lobby chimique qu’il s’agit ici de mettre en cause, mais notre incapacité à penser qu’il puisse y avoir des impasses au progrès.

Nécessairement, il y a des progrès apparents dont les conséquences sont si catastrophiques qu’il est nécessaire de revenir dessus au plus vite. Cela ne s’appelle pas un recul civilisationnel mais seulement de la sagesse.

Mais pour que nous achetions toujours ce qui sort de nouveau, nous avons été conditionnés à croire que le progrès technique est tôt ou tard dompté et que ses conséquences les plus nocives peuvent être écartées.

C’est complètement faux. Il y a des progrès qui n’en sont pas et qui ont précipité par le passé des empires entiers dans l’abîme.

Notre civilisation de la vitesse n’aime pas la sagesse, il lui faut tout, tout de suite. Elle ne prend pas le temps de peser le progrès pour ce qu’il vaut, et le prix qu’elle en paie est chaque jour plus élevé…

Portez-vous bien,

Dr. Thierry Schmitz

Sources

1https://www.inrs.fr/actualites/pfas-polluants-eternels-explications.html

2https://www.liberation.fr/environnement/pollution/pfas-apres-lassemblee-nationale-le-senat-adopte-linterdiction-des-polluants-eternels-20240530_2N3JC5RLI5ERLLNWCTTT5OK7KE/

3https://www.vicenzatoday.it/attualita/pfas-processo-inquinamento-testimonianze-carabinieri-29-aprile-2022.html

4https://www.rivm.nl/pfas/actueel


Les polluants éternels, un souci pour toujours
Dr. Schmitz 2 mai, 2025
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