L’escapade gourmande du Docteur #2 : La tomate, un superaliment ?

Chère lectrice, cher lecteur,

Pour commencer, oui, la tomate est un fruit. C’est la science botanique qui nous l’apprend : elle est issue d’une fleur et porte des graines sur elle. Et j’ai appris que la courgette en était un aussi !

La vraie question que cela pose est : pourquoi cela nous paraît si contre-intuitif ? Parce que la tomate n’est pas sucrée, et que nous associons plutôt les fruits à un goût sucré.

Cela n’empêche pas que la tomate, que nous ne consommons que depuis qu’elle a été ramenée du nouveau monde, jouisse d’une faveur quasi-universelle depuis des siècles.

Et d’autant plus depuis que les Américains ont imposé la pizza partout dans le monde…

D’ailleurs, il n’y a qu’en Italie que l’on consomme de la pizza blanche. Pour le reste du monde, la pizza, c’est à la tomate !

Et qui n’a pas déjà mangé une tomate-mozzarella, plat frais qui s’est invité sur toutes les tables d’Occident depuis une trentaine d’années ?

Ce que l’on sait moins de la tomate, c’est que c’est un vrai aliment santé – et même, sans trop pousser, un authentique superaliment !

Car saviez-vous que la tomate

—    Vous facilite la perte de poids ?

—    Lutte contre le cancer, en particulier de la prostate ?

—    Protège votre cœur ?

—    Vous empêche de développer des démences telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson ?

—    Améliore la récupération physique ?

—    Accroît la fertilité et donc la libido ?

Ça donne envie de se faire une petite salade de tomates, non ?

 

Un petit trésor tout rouge

Les tomates sont riches en lycopène, or ce dernier est un très puissant antioxydant, l’un des seuls à pouvoir contrer l’oxygène dit « singulet », qui est un radical libre particulièrement agressif[1].

Le lycopène doit lui-même son nom à la tomate (solanum lycopersicum), qui est elle-même l’aliment qui en contient le plus. Ce qui fait de la tomate un aliment anti-âge et anticancer par nature.

Mais le lycopène ne représente pas tout l’intérêt santé de la tomate, puisqu’elle est également riche en potassium, fer, folate et vitamine C !

Elle contient elle-même du bêta-carotène et de flavonoïdes, qui sont les molécules médicinales alimentaires par excellence.

Fait étonnant : les tomates peuvent conserver la plus grande part de leurs qualités nutritives cuites. Toutefois, je ne vous recommande pas une cuisson à température trop élevée, même pour la soupe.

Quant au ketchup, cette sauce sucrée à base de tomate, à part comme condiment pour le steak tartare, j’ai du mal à concevoir son utilité culinaire.

L’important est surtout de l’éloigner de l’assiette des enfants, qu’il habitue à la nourriture sucrée.

La tomate est composée à 90% d’eau, contient très peu de protéines et de graisses, et autour de 3% de glucides. Ses graines sont anti-inflammatoires grâce à leurs saponines.

100 grammes de tomate représente 18 calories, soit un peu plus de 1% de ce qu’une femme doit consommer chaque jour comme énergie, et un peu moins de 1% pour un homme !

L’idéal si vous voulez perdre un peu de ventre !

 

Le pilier anticancer du régime méditerranéen

D’après une étude tout à fait sérieuse, publiée dans la revue Nutritents, principale revue de médecine nutritionnelle, le régime méditerranéen où la tomate joue un rôle central, réduit l'incidence du cancer de 61 %.

Cette revue affirmait aussi que cette alimentation, pour être particulièrement saine, était capable de prévenir environ 30% des cancers[2].  

Le lycopène et le bêta-carotène des tomates contribuent pour beaucoup à leurs propriétés anticancéreuses. Elles ont été étayées par de très nombreuses études[3].

En 2020, une étude a commencé à creuser la capacité du lycopène à combattre et prévenir les cancers de la prostate[4]. Une autre étude a également soutenu que ces propriétés anticancer avaient un effet notable sur le cancer du sein[5].

De plus, les autres composants de la tomate, tels que la vitamine C et le bêta-carotène, ont également des vertus anticancer… Une bonne raison d’en manger, non ?

 

Rouge et rond comme votre cœur

D’après l’étude qui résume toutes les qualités médicinales de la tomate, « un régime riche en tomates est associé à une réduction du risque de maladie cardiaque ». Ce qui est plutôt une bonne nouvelle !

En effet, une étude chinoise de 2017 a démontré, en recoupant 14 études précédentes, que plus on mange de lycopène, moins on a de maladie des artères[6].

Une autre de ces études a rapporté qu'une consommation élevée de lycopène et de fortes concentrations de cette molécule dans le corps réduisent la mortalité globale de 37 %, les maladies cardiovasculaires de 14 % et les accidents vasculaires cérébraux de 23 % ![7]

En d’autres termes, si vous mangez beaucoup de tomates, vous avez un tiers de risque de moins de mourir, un risque sur 6 en moins de subir des maladies cardiovasculaires, et un risque sur 4 en moins de faire un AVC.

tomates

Admettez qu’il n’existe pas de plus belle publicité pour la tomate !

De plus, les nombreux antioxydants présents dans les tomates, principalement le lycopène, le bêta-carotène et la vitamine C, protègent de l’oxydation les cellules des vaisseaux sanguins et les LDL, véhicules des graisses dans le corps.

Ainsi, votre corps est d’autant mieux protégé contre l’athérosclérose, c’est-à-dire l’occlusion de votre système cardiovasculaire. Car c’est l’endommagement de ces cellules qui forme des bouchons sous la paroi des vaisseaux sanguins.

En plus d’empêcher le LDL, appelé « mauvais cholestérol », de se dégrader et de boucher vos artères, le lycopène a aussi un effet anti-aggrégation plaquettaire, qui évite aussi que le sang s’épaississe et forme des caillots.

 

Un rempart inattendu contre « Alzheimer » et « Parkinson »

Pour reprendre une formule célèbre, le spectre de la démence hante désormais l’humanité entière. La crainte de perdre ses moyens, de n’être plus soi-même et de se voir lentement se flétrir sans rien pouvoir y faire est terrible.

Et si les tomates pouvaient nous en protéger ?

Nous savons aujourd’hui que les maladies de Parkinson et d’Alzheimer sont le résultat d’une lente dégénérescence des facultés intellectuelles. Il semblerait que la tomate puisse y remédier.

Mais d’abord, il est important de voir que les AVC sont moins fréquents chez les consommateurs réguliers de lycopène, donc de tomate ![8]

Le lycopène empêche également l’aggrégation des plaques amyloïdes responsables de la maladie d’Alzheimer. Et des rats fortement nourris au lycopène ont réussi à restaurer leurs capacités de mémorisation[9].

Quand on sait que ces études sont quasiment inconnues alors qu’elles ont été faites il y a 10 ans, on ne peut que s’étonner devant un tel gâchis. Combien de vies auraient pu être sauvées si ça s’était su, déjà, à l’époque ?

Pour la maladie de Parkinson, les propriétés anticancer de la tomate agissent ici aussi en plein, car elles induisent une autodestruction des cellules déficientes qui réduit la dégénérescence.

De ce point de vue là, aussi, la tomate est salvatrice !

 

Elle ne finit pas de nous étonner

Un livre entier pourrait être écrit sur les vertus des tomates, et leur fonctionnement précis. Citons seulement que la tomate

—    Est excellente contre le diabète : grâce à ses caroténoïdes et au lycopène elle réduit l’inflammation, la glycémie et surtout, la résistance à l’insuline.

—    Améliore la santé de la peau, grâce à ses antioxydants. Notamment la protection contre les rayons ultraviolets.

—    Améliore la récupération à l’exercice en favorisant la reconstruction musculaire

—    Renforce le système immunitaire[10]en améliorant largement l’activité des différents types de globules blancs, notamment les cellules « tueuses » naturelles.

—    Est un « vaccin comestible contre nombre de pathologies telles que le paludisme, le COVID-19, le papillomavirus et bien d’autres – même l’hépatite B ![11]

—    Enfin, ses capacités antioxydantes puissantes améliorent la fertilité. Elle joue donc aussi bien un rôle important pour la sexualité féminine que masculine – dans ce cas : amélioration de la qualité du sperme, de sa concentration, de sa motilité, de sa vitalité et de son intégrité structurelle[12].

Toutefois, les tomates peuvent aussi avoir des effets nocifs en excès, surtout si elles sont mal nettoyées des pesticides et autres polluants tombés du ciel, ou encore des bactéries qui peuvent proliférer sur cette culture de plein air.

Elles absorbent hélas particulièrement les métaux lourds sur les terreaux contaminés. Et toutes les tomates ne sont pas bonnes, puisque beaucoup sont élevées dans des serres et gonflées artificiellement au gaz carbonique par exemple.

Il est donc plus que nécessaire de manger les tomates de la meilleure qualité possible, et le bio n’est qu’une garantie parmi d’autres. Le goût des tomates est toujours un bon indicateur de sa richesse nutritionnelle.

Que la protection des tomates vous accompagne ! 

Dr. Thierry Schmitz


Sources

[1]https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2004sa0336.pdf

[2]Schwingshackl, Lukas, Carolina Schwedhelm, Cecilia Galbete, and Georg Hoffmann. 2017. "Adherence to Mediterranean Diet and Risk of Cancer: An Updated Systematic Review and Meta-Analysis" Nutrients 9, no. 10: 1063.

[3]Collins EJ, Bowyer C, Tsouza A, Chopra M. Tomatoes: An Extensive Review of the Associated Health Impacts of Tomatoes and Factors That Can Affect Their Cultivation. Biology (Basel). 2022 Feb 4;11(2):239.

[4]Przybylska S. Lycopene–a Bioactive Carotenoid Offering Multiple Health Benefits: A Review. Int. J. Food Sci. Technol. 2020;55:11–32. doi: 10.1111/ijfs.14260.

[5]Peyrat J.P., Bonneterre J., Hecquet B., Vennin P., Louchez M.M., Fournier C., Lefebvre J., Demaille A. Plasma Insulin-like Growth Factor-1 (IGF-1) Concentrations in Human Breast Cancer. Eur. J. Cancer. 1993;29:492–497. doi: 10.1016/S0959-8049(05)80137-6

[6]ong B., Liu K., Gao Y., Zhao L., Fang H., Li Y., Pei L., Xu Y. Lycopene and Risk of Cardiovascular Diseases: A Me-Ta-Analysis of Observational Studies. Mol. Nutr. Food Res. 2017

[7]Cheng H.M., Koutsidis G., Lodge J.K., Ashor A.W., Siervo M., Lara J. Lycopene and Tomato and Risk of Cardiovascular Diseases: A Systematic Review and Meta-Analysis of Epidemiological Evidence. Crit. Rev. Food Sci. Nutr. 2019

[8]Karppi J., Laukkanen J.A., Sivenius J., Ronkainen K., Kurl S. Serum Lycopene Decreases the Risk of Stroke in Men. A Population-Based Follow-up Study. Neurology. 2012

[9]Prakash A., Kumar A. Implicating the Role of Lycopene in Restoration of Mitochondrial Enzymes and BDNF Levels in Beta-Amyloid Induced Alzheimer’s Disease. Eur. J. Pharmacol. 2014

[10]Watzl B., Bub A., Briviba K., Rechkemmer G. Supplementation of a Low-Carotenoid Diet with Tomato or Carrot Juice Modulates Immune Functions in Healthy Men. Ann. Nutr. Metab. 2003

[11]Pantazica A.M.M., Cucos L.M., Stavaru C., Clarke J.L., Branza-Nichita N. Challenges and Prospects of Plant-Derived Oral Vaccines against Hepatitis B and C Viruses. Plants. 2021

[12]  Yamamoto Y., Aizawa K., Mieno M., Karamatsu M., Hirano Y., Furui K., Miyashita T., Yamazaki K., Inakuma T., Sato I. The Effects of Tomato Juice on Male Infertility. Asia Pac. J. Clin. Nutr. 2017


Dr Schmitz 31 juillet, 2024
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