Chère lectrice, cher lecteur,
Comment vous sentir bien dans votre tête ? Voilà un sujet devenu incontournable, surtout en cette période où la santé mentale de la population vacille.
En prenant ma plume ce matin, je m’apprêtais à vous bombarder de recommandations, notamment en termes d’alimentation. Et puis… au lieu de cela, j’ai écouté ma femme.
Et je vous entends glousser de loin, messieurs ! Pourtant croyez-moi, si vous avez une femme et que vous l’aimez, alors c’est qu’elle vous glisse régulièrement des idées intéressantes dans les oreilles.
Or la mienne était en train de lire un livre qui n’était vraisemblablement pas au programme de l’agrégation de philosophie.
Mais puisque j’ai le bonheur de partager la vie d’une femme intelligente, je lui ai demandé pourquoi elle lisait ce livre jaune avec un chat aux yeux écarquillés sur la couverture, qui avait l’air d’être pris dans les phares d’une voiture.
Elle m’a répondu avec la plus grande simplicité : « parce que ça me fait du bien ».
Et il est vrai, aujourd’hui, dans un monde où tout, même le sexe et la nourriture, ne sont plus qu’affaires de performance et de compétition, il y a tout un pan de la création qui n’est désormais que consacrée qu’à un seul but.
Ce but ? Vous sécuriser, vous faire vous sentir bien… mais pas seulement.
Désormais les réseaux sociaux étant devenus de plus en plus frénétiques (sur le modèle de Tiktok, qui ronge le cerveau des enfants et des ados), nous devons prendre le parti de la détente.
Je dois dire que j’étais sceptique, mais je m’y suis à mon tour, et je dois vous confier que cela fait un bien plus que fou – un bien nécessaire.
Quel est votre « pas prise de tête » du moment ?
Je ne saurais trop vous recommander les livres qu’apprécie ma femme. Et cependant, pour rien au monde, je ne lirai un Gilles Legardinier ou un Guillaume Musso. C’est au-dessus de mes forces !
Mais de son côté, ma femme n’appréciera pas des œuvres d’une violence certes gratuite, mais qui ne mobilise pas beaucoup plus de neurones que nécessaires.
Ainsi l’un de mes neveux m’a mis entre les mains un auteur de science-fiction qui passe pour être l’un des plus importants romanciers militaires de notre époque. Il s’agit du sombre mais efficace Dan Abnett.
Dans un monde devenu de plus en plus complexe et, pour nombre d’hommes de mon âge, par trop féminin, cet auteur vous offre un dépaysement garanti.
Alors oui, il faudra assumer sur la plage cet été, quand on vous demandera : « qu’est-ce que tu lis ? ». Vous répondrez : « oh rien, une débilité ».
Cela vaut bien la science-fiction d’il y a 30, 50 ou 100 ans. Et puis vous êtes là pour vous détendre, oui ou non ?
La génération de mon fils, de son côté, a un faible pour tout ce qui est fantasy. Hélas, ce genre est très codifié et marqué par la génération qu’il cible. Mais dans ce cas-là comme dans n’importe quel autre genre, relisez les auteurs de votre jeunesse.
C’est un plaisir qui a ce pouvoir extraordinaire d’arrêter le temps. Et à une époque où les médias font tout pour faire accélérer l’histoire, la légèreté et l’intemporalité sont précieuses.
La musique qui rend heureux ?
Parfois, quand la télévision ricane en boucle et que les réseaux sociaux n’en peuvent plus de rabacher leur aigreur, il vous faut autre chose.
Et force est de reconnaître que ce n’est pas la lecture de la Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant qui va vous faire tomber dans ce sommeil bienfaisant que vous attendez tant.
Cela fait donc quelques temps que, sur les conseils de ma belle-fille, j’écoute un peu de musique en fin de soirée.
C’est une pratique très répandue désormais chez la « génération Z », qui a grandi avec les réseaux sociaux dès sa plus tendre enfance.
Elle écoute désormais de la musique pour se détendre et pour mettre un espace entre la frénésie des algorithmes et elle.
C’est ainsi que les chaînes de musique LoFi ont connu un succès extraordinaire, et sont beaucoup plus efficaces pour se détendre que les CD de relaxation des années 1990…
Ce mouvement a même une espèce de mascotte, la LoFi Girl, qui dodeline doucement de la tête pendant que vous écoutez sa musique, soit pour ne rien faire, soit pour travailler doucement.
Car la jeunesse ne manque pas de ressources face à un monde où la technologie nous dépasse chaque jour un peu plus ! Donc n’hésitez pas à demander à vos enfants (ou vos petits-enfants) quels sont leurs goûts !
A l’occasion, s’il ne vous font pas écouter ces horribles musiques qui passent à la radio, il se pourrait que vous ayez de bonnes surprises !
Pour ma part, à force de fureter, j’ai fini par trouver quelques bonnes bandes de bossa nova et de jazz très doux… qui me permettent d’aller me coucher parfaitement détendu.
Je peux vous dire que c’est ma femme qui est contente !
Touchez le fond (du bien-être !)
Je pense qu’il s’agit du sommet du feel-good, quand vous commencez vraiment à toucher ce qui est fondamentalement bon pour vous.
A ce titre, je voudrais vous rappeler le bienfait que cela représente – surtout pendant la belle saison – de faire des balades en forêt.
Pour ma part, je ne me suis pas encore complètement fait à l’idée d’étreindre des arbres dans mes bras, car je trouve leur compagnie quelque peu intimidante, de trop près.
Il n’en reste que je suis un partisan de la promenade en forêt. Et je vois bien que ceux qui prennent les arbres dans leurs bras apprécient beaucoup le faire !
Pour ma part, je préfère faire des croquis, ou écrire des petites choses pour me détendre. Surtout quand j’écoute une musique sympathique.
Car lorsqu’on vous parle d’art-thérapie, il ne s’agit pas (seulement) d’exorcisme ou de régler des problèmes psychologiques profonds !
Il s’agit parfois seulement d’évacuer le stress, la pression excessive, les soucis. En somme, faire divaguer notre esprit. Et il n’y a rien de plus recommandé quand vous l’avez fait travailler toute la journée !
L’important n’est pas ce que vous produisez. L’important, c’est vous, c’est le moment que vous passez, l’être que vous façonnez lorsque vous décidez que le stress n’est pas le seul aiguillon dans votre vie.
Parce que de crise en crise, la vie passe, et que rien ne vaut le temps que l’on a su consacrer à soi.
Dr. Thierry Schmitz