Chère lectrice, cher lecteur,
Il y a peu de sujets plus universels que la recherche contre le cancer. Après tout, nous sommes tous concernés, que ce soit pour nous-mêmes ou notre entourage, parfois le plus intime.
Cette maladie est devenue de plus en plus fréquente à mesure que notre environnement s’est artificialisé, et que l’espérance de vie s’est allongée.
Pourquoi ? Parce que le cancer, nous le savons aujourd’hui, est une maladie génétique.
À force de reproductions, il arrive que nos cellules, parce que leur ADN est endommagé, oublient qu’elles font partie de notre corps, où elles remplissent un rôle précis.
Dans ce cas-là, elles se multiplient sans fin au détriment du reste du corps. D’où le cancer.
Vieillissement et cancer sont étroitement liés
Or avec l’âge, le nombre de reproductions de ces cellules augmente, tandis que le matériel génétique diminue, ce qui fait que notre corps "fait durer" les cellules plus longtemps.
C’est ça, le vieillissement : notre corps abaisse les "standards" de santé des cellules et leur durée de vie avant de les éliminer. D’où le flétrissement de la peau et l’usure de nos organes.
De surcroît, plus notre corps fait durer nos cellules, plus elles s’encrassent de radicaux libres qui les corrodent, et qui sont des résidus de leur combustion énergétique interne, pour l’essentiel.
Mais il y a aussi la question des toxiques auxquels nous sommes exposés, que ce soit par frottement, inhalation ou ingestion, et qui endommagent eux aussi les cellules, donc leur ADN et sa transcription aux cellules suivantes.
Raisons pour lesquelles, plus nous prenons de l’âge, plus le
risque de cancer est élevé.
L’émergence d’une "3e voie" anticancer
Pour contrer cela, la science ne connaît que deux méthodes : prévention et destruction. Soit vous prenez des antioxydants et vous faites de l’exercice, ce qui favorise la production du "décapant" cellulaire qu’est le glutathion.
Soit, pour les malades, le recours à des techniques très violentes et invasives : chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie, qui visent à l’éradication des cellules incriminées.
Nous savons tous à quel point ces méthodes sont douloureuses, éprouvantes tant pour le corps que pour l’esprit, quand elles ne paraissent pas désespérées pour des cas avancés.
C’est en grande part le thème du dernier roman de Michel Houellebecq, Anéantir, où le protagoniste se voit proposer de se faire enlever la langue et la moitié de la mâchoire, sans grand espoir de guérison pour autant.
Or il se trouve que des chercheurs coréens ont travaillé à une autre forme de guérison du cancer qui pourrait s’avérer, dans les années qui viennent, proprement révolutionnaire. On parle alors de réversion du cancer[1].
Une révolution médicale (ce n’est pas moi qui le dis)
J’essaie ici de simplifier une étude qui, dans le détail, est d’une rare complexité.
En somme, les cellules cancéreuses, sont des cellules qui ont oublié qu’elles appartiennent au corps humain (quoiqu’elles s’en nourrissent, et c’est bien là tout le problème), parce qu’elles ont oublié leur fonction précise.
Du moins, elles sont issues d’une cellule, qui, pour sa part, a oublié sa fonction, et qui depuis lors n’a cessé de proliférer aux dépens du reste du corps.

Les chercheurs ont alors tenté d’élaborer un modèle logique pour savoir ce qui dans les gènes des cellules en question, quels étaient ceux dont l’expression ou l’absence d’expression, avait produit cette dysfonction.
Rappelons que les cellules fonctionnent et se reproduisent à partir d’un programme qui est celui du corps tout entier, l’ADN, composé de gènes, qui forment comme un clavier.
Sauf que le rôle de chaque type de cellule est défini par le fait que certaines touches du clavier sont activées et d’autres sont muettes. De plus, certaines touches en activent ou en désactivent d’autres par nature.
La science médicale est de ce point de vue-là en pleine phase d’exploration…
Or les chercheurs coréens ont découvert que certaines de ces touches, qui servaient à la bonne marche de la reproduction cellulaire, étaient responsables de l’indifférenciation des cellules.
En résumé, certaines cellules, vraisemblablement trop bien contrôlées ou corrigées pour leur reproduction, se trouvent sans rien à faire.
C’est alors qu’elles commençaient donc à se comporter comme des
organismes autonomes…
Pas de rémission, mais une vraie guérison
Ce qu’ont fait les chercheurs, c’est identifier les touches du clavier génétique qui étaient apparemment responsables de cette indifférenciation fonctionnelle des cellules cancéreuses.
Ils en ont isolé trois, qu’ils ont appelé "maîtres régulateurs". Ensuite, ils ont greffé sur la tumeur des cellules sur lesquelles ils avaient neutralisé ces trois touches, et de façon surprenante, les cellules se sont respécialisées !
Elles n’étaient plus cancéreuses, c’étaient des cellules normales ! En d’autres temps, on eut appelé cela un miracle…
Cependant, si la méthode a fonctionné à la fois sur des souris et en laboratoire, in vivo et in vitro, elle a encore bien des limites.
Déjà, elle n’a vraisemblablement pas encore été testée sur l’être humain. De plus, elle concerne spécifiquement des cellules du côlon et du foie.
En réalité, on ne sait pas si les "maîtres régulateurs" sont les mêmes pour tous les organes.
Enfin, deux autres questions se posent : la première est celle de la mutation en chaîne.
Une fois qu’une cellule est devenue cancéreuse et s’est reproduite comme telle, peuvent apparaître des mutations supplémentaires qui pourraient rendre impossible la réversion cancéreuse.
L’autre grande interrogation est celle des effets à moyen et long
terme… le recul manque encore sur cette technique. L’être humain
vit plus longtemps que les souris, et peut-être la réversion
n’est-elle pas systématiquement définitive…
Ils n’en parlent pas dans les journaux, voici pourquoi
L’article est paru il y a 6 mois déjà, alors qu’il est proprement renversant. Étonnamment, il aurait mérité une publicité bien supérieure.
Mais vous avez peut-être compris pourquoi ce n’est pas le cas…
Car ce filon de la recherche, qui mérite plus que jamais d’être exploré, impliquerait à plus ou moins brève échéance une réduction considérable des traitements douloureux et destructeurs.
Or ces traitements témoignent encore d’une civilisation occidentale doloriste, où il faut souffrir pour guérir. Sans compter qu’ils rapportent beaucoup à qui les prodiguent…
À ce titre, ils sont si farouchement protégés pas l’État, que rechercher d’autres méthodes apparaît nécessairement suspect.
On ne s’étonne donc pas qu’il faille chercher aux antipodes des remèdes anticancéreux sérieux qui respectent la santé du patient…
Et qui ne s’ancrent pas dans le droit de vie et de mort du médecin sur lui, signe de la supériorité du savoir scientifique sur les ignorants.
En espérant que la médecine, grâce à l’Orient, puisse continuer de progresser vers plus de respect de la vie humaine.
Portez-vous bien,
Dr. Thierry Schmitz
[1]Jeong-Ryeol Gong, Chun-Kyung Lee, Hoon-Min Kim, Juhee Kim, Jaeog Jeon, Sunmin Park, Kwang-Hyun Cho
Control of Cellular Differentiation Trajectories for Cancer Reversion, Advanced Science Volume 12, Issue 3, 11 December 2024