Lipides : comment choisir les bonnes graisses pour votre santé

Longtemps diabolisés, les lipides retrouvent aujourd'hui leurs lettres de noblesse. Et pour cause : ils sont indispensables au bon fonctionnement de l'organisme, aussi bien au niveau cellulaire que métabolique ou hormonal. Il est donc temps de tordre le cou à la "lipidophobie" ! Voyons ensemble comment un apport équilibré en acides gras pourrait aider à prévenir, voire à améliorer, certaines pathologies inflammatoires, cardiovasculaires ou neuropsychologiques.

Pourquoi les lipides sont-ils essentiels ?

Les acides gras sont bien plus que de simples réserves énergétiques. Ils participent à la structure des membranes cellulaires, garantissent leur souplesse et leur perméabilité, servent d'isolant thermique, jouent un rôle de précurseur pour certaines hormones et médiateurs de l'inflammation, et facilitent l'absorption des vitamines liposolubles. Pour maintenir cet équilibre, il est primordial de veiller à un apport harmonieux entre les différentes familles de lipides.

Inflammation : l’importance de modérer les oméga-6

Certains lipides influencent directement les mécanismes inflammatoires de l’organisme. Les oméga-6, présents notamment dans de nombreuses huiles de table, participent à la synthèse de médiateurs inflammatoires tels que les prostaglandines. Or, si les oméga-6 sont indispensables, un excès favorise l’inflammation, en particulier sur un terrain métabolique fragile (comme le diabète). 

À l’inverse, les oméga-3 agissent comme de puissants anti-inflammatoires naturels. Aujourd’hui, notre alimentation industrielle contient beaucoup trop d’oméga-6, déséquilibrant ainsi le rapport entre ces deux acides gras essentiels.

Cardiovasculaire : rééquilibrer toutes les graisses

En matière de santé cardiovasculaire, les excès de certaines graisses sont clairement pointés du doigt. Les graisses saturées, majoritairement issues des produits animaux, tendent à augmenter le taux de « mauvais » cholestérol (LDL) et à réduire l'élasticité des vaisseaux sanguins. Quant aux graisses trans, souvent issues des huiles partiellement hydrogénées utilisées par l’industrie agroalimentaire, elles sont considérées comme particulièrement délétères.

Pour autant, il ne s'agit pas de bannir toutes les graisses saturées. L'organisme en a besoin en quantité modérée, tandis que les graisses trans sont à éviter autant que possible. L’enjeu reste avant tout de retrouver un équilibre global entre graisses saturées, mono-insaturées et polyinsaturées.

Bouteilles d'huiles en verre avec dans la deuxième branche de romarin

Cerveau et système nerveux : miser sur les oméga-3

Le cerveau et le système nerveux sont particulièrement sensibles à l'équilibre des acides gras. La dépression, les troubles de l’attention ou encore certaines maladies neurodégénératives pourraient être liés à une inflammation neuronale excessive, entretenue par un excès d’oméga-6 et une carence en oméga-3.

Favoriser un apport suffisant en oméga-3 contribue à améliorer la fluidité des échanges entre neurotransmetteurs et à soutenir l'équilibre hormonal et émotionnel. Ce rééquilibrage lipidique est essentiel pour lutter contre le stress chronique, l'anxiété, ainsi que les troubles de la mémoire et de l’apprentissage.

Quels repères pour l’apport en lipides ?

Selon les recommandations, les lipides devraient représenter entre 35% et 40% de l’apport énergétique quotidien d’un adulte, répartis ainsi :

  • Environ 10% issus d’acides gras saturés (beurre, produits laitiers, viandes, graisse de coco).

  • Près de 20% provenant d’acides gras mono-insaturés, notamment les oméga-9 (huile d’olive, d’avocat, de colza, de noisette).

  • Et 5 à 7% d’acides gras polyinsaturés, divisés entre oméga-6 (huile de tournesol, de maïs, de noix) et oméga-3 (huile de lin, de cameline, de noix).

L’objectif est de viser une consommation de trois parts d’oméga-6 pour une part d’oméga-3, un équilibre que certaines huiles comme celles de colza ou de chanvre permettent naturellement d’atteindre.

Assaisonnement et cuisson : bien choisir ses huiles

Certaines huiles sont particulièrement fragiles et supportent mal la chaleur. C’est le cas des huiles riches en oméga-3, comme celles de lin, de colza ou de cameline, qui doivent être utilisées exclusivement à froid et conservées à l’abri de la lumière et de la chaleur. Pour limiter leur oxydation, il est conseillé de privilégier les huiles fraîches, idéalement achetées après récolte, et de bien refermer les bouteilles après usage.

Pour assaisonner vos plats tout en variant les plaisirs, associez l'huile d'olive, riche en oméga-9 et en polyphénols protecteurs, à d’autres huiles plus riches en oméga-3. Selon vos goûts, n'hésitez pas à ajouter de l’huile de noix sur des salades d’endives ou une touche d’huile de sésame sur des légumineuses.

Pour la cuisson, l'huile d'olive est tout indiquée à condition de ne pas la faire fumer. Elle peut être ponctuellement remplacée par de la graisse d’oie ou de canard pour varier les plaisirs. En cas de cuisson à haute température, l’huile de coco non raffinée représente également une option stable.

Bouteille d'huile d'olive à côté de légumes et oignons et mains d'homme à l'arrière-plan

Et sur les tartines ?

Pour accompagner votre pain, le beurre frais de qualité reste une excellente option, tant que vous restez raisonnable sur la quantité. En revanche, mieux vaut éviter les margarines industrielles, même enrichies en oméga-3, car le processus de solidification détruit la qualité des acides gras d'origine.

Attention aux graisses cachées !

Les plats préparés, viennoiseries et certains fromages peuvent contenir des quantités importantes de graisses saturées. L’alimentation moderne favorise souvent un excès d’acides gras saturés et d’oméga-6 au détriment des oméga-3, d’où l'importance d'être attentif à ses choix alimentaires quotidiens.

Où trouver naturellement de bons lipides ?

Les poissons gras, tels que les sardines, maquereaux, harengs ou chinchards, sont d’excellentes sources d’oméga-3 à chaîne longue (EPA). Pour limiter l’exposition aux polluants, mieux vaut privilégier les poissons de petite taille et les consommer de préférence le soir, moment propice au renouvellement cellulaire.

Les oléagineux (noix, amandes, noisettes), à savourer plutôt le matin, apportent également de précieuses graisses de qualité. Les noix, notamment, seraient bénéfiques pour la prévention des démences, tandis que les amandes contribuent à réduire le taux de LDL-cholestérol et à protéger les vaisseaux sanguins.

Une poignée par jour suffit pour profiter de leurs bienfaits sans surcharger l’organisme.

Quelle huile privilégier au quotidien ?

Idéalement, choisissez des huiles issues de l’agriculture biologique pour limiter l'exposition aux résidus phytosanitaires. Mais le critère essentiel reste le mode de fabrication : préférez des huiles vierges, obtenues mécaniquement à partir d'une seule variété de graines, et pressées à froid.

Ces huiles, moins stables que leurs équivalents raffinés, conservent l'ensemble de leurs composés bioactifs, tels que les polyphénols, aux effets protecteurs reconnus. Une attention particulière à leur conservation (à l’abri de la chaleur et de la lumière) vous permettra d’en tirer pleinement bénéfice.

En cultivant quelques bons réflexes au quotidien, il devient simple de faire des lipides de véritables partenaires de votre équilibre santé !

Lipides : comment choisir les bonnes graisses pour votre santé
Dr. Schmitz 15 April, 2025
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Pourquoi intégrer les algues dans votre alimentation quotidienne ?